Deuils

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(article qui date de quelques années et qui était resté en brouillon)

Il y a ces petits deuils, qu’on fait chaque jour. Deuil d’une remarque, d’une chose qu’on aurait aimé faire, de quelque chose qu’on ne fera jamais.

Les deuils un peu plus importants, deuil d’un changement de vie, deuil d’un conjoint qui ne se comporte pas comme on voudrait, deuil de la personne idéale (SOI) qu’on n’est pas.

Et puis les deuils qui vous chahutent, vous bousculent, vous attrapent et vous mettent à terre. Les deuils qu’on voudrait ne jamais avoir à faire. Les deuils dont on pense ne jamais se relever. Le deuil d’un enfant qui ne vient pas, ou d’un enfant qu’on n’aura pas, plus, car c’est comme ça.

Le deuil de ce 3ème (enfin, 4ème) enfant qui avait fait croire qu’il venait alors qu’en fait non. Se dire que la maternité est belle et bien finie. Voir tous ces ventres rebondis, avoir son cortex qui crie NON et son utérus, son corps, sa chair entière qui crie OUIIIIIIII. Avoir tous les symptômes de grossesse et pourtant un ventre bien vide. Le deuil du dernier enfant. Mais c’est un joli deuil. Et puis peut-être que c’était encore une fuite en avant, un moyen d’occuper mon cerveau à autre chose. Lui qui ne supporte jamais le vide.

Le deuil d’un proche qui va nous quitter. Car elle arrive à la fin de sa vie précocement. On ne sait pas pour combien de temps elle en a. La saleté de crabe était là, s’est cachée, puis est revenue, revenue, revenue, chaque fois plus violente, plus sordide, plus menaçante. On avait cru à un traitement. On avait cru que ce crabe allait être démasqué. Il est revenu et a migré partout dans son corps, il se dissémine dans toutes ses cellules.

On a mis du temps à comprendre que maintenant les traitements étaient « palliatifs », et non plus « curatifs ».

On a mis du temps à accepter, ce qu’on sentait, ce qu’on pressentait, ce qu’on ressentait. Pourquoi ? Parce qu’on est dans le déni.

Et maintenant on a ce cocktail d’émotions : déni, colère, tristesse, incompréhension…

Qui peut comprendre ce qu’on vit ?

Je me sens seule au monde, avec ma tristesse sur le dos. J’ai envie de crier, de hurler, de taper, de tout mettre en pause, de partir, de fuir très loin.

Et voir si quand je reviens, je me serai habituée à l’idée, ou bien pour m’apercevoir que c’était juste un mauvais rêve. Qu’elle ne partira pas.

Vais-je m’habituer à cette idée ?

Peut-on s’habituer à perdre un proche ?

Peut-on accepter l’idée de perdre sa maman ?

PS : Je ne sais pas si quelqu’un me lit toujours…j’écris quand ça va pas bien, alors tu te doutes, lecteur, que si j’écris aujourd’hui c’est que les mois derniers étaient « heureux ». Et que là ça va secouer dur. Je ne cherche pas la pitié, ni l’attention sur moi. Cet espace me permet d’exprimer des doutes, des peurs, des souffrances (des joies, rarement, non pas que je n’en ai pas, mais je n’en ressens pas le besoin).

4 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Je lis ton témoignage avec intérêt et compassion, car je viens de perdre mon père à cause d’un crabe aussi… je ne sais pas bien de quand datent les faits décrits et si ta mère est tjrs là, mais en réponse à tes questions je voulais dire : non , on ne s’habitue pas, en tout cas je n’y arrive pas, je le garde avec moi tous les jours, il ne peut pas être parti bien loin de nous… c’est trop dur…
    Je t’envoie de la douceur, et te remercie de ton témoignage. Comme toi j’ai besoin de partager ou de lire quand je traverse des difficultés plus ou moins grandes, or il n’y a pas beaucoup d’articles sur le deuil (jai du mal a en trouver), et mon blog contient lui même quelques partagés de ma part, mais tout est trop récent je n’arrive pas à m’exprimer… merci à toi

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    1. ColombesMum dit :

      Bonjour Namoon, merci beaucoup pour ton message. Ce texte date de 2020, ma maman est finalement partie mi-2021, je referai des articles sur le sujet tant la période a été dure (multiples deuils cette année-là). J’ai été dévastée, je me redresse maintenant, peu à peu. Je t’envoie beaucoup de douceur dans ces moments, et irai lire tes écrits. Lumière à tous nos défunts qui nous accompagnent en effet au quotidien —

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  2. Léa dit :

    Je te lis encore et t’envoie plein de douceur pour traverser cette période!

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    1. ColombesMum dit :

      Bonjour Léa, merci beaucoup ! Ce brouillon d’article date de 2020 mais je vais poster les mises à jour. Je me remets tout doucement, ça va mieux. Merci à toi

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